Au niveau national : lutter contre le fléau de l’insécurité financière
La France fait actuellement face à une situation préoccupante concernant les fraudes financières. Selon les données de l’AMF, 15 % des Français ont été concernés par une escroquerie, un chiffre qui monte même à 35 % chez les moins de 35 ans, avec des pertes moyennes de 29 500 euros. Les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle constituent des outils redoutables pour les escrocs, multipliant les plateformes non autorisées.
Face à cette situation, l’AMF a intensifié ses actions de protection avec 13 374 demandes traitées via Épargne Info Service et 1 969 dossiers de médiation. L’autorité a bloqué 181 adresses de sites internet frauduleux et renforcé sa coopération avec les autorités judiciaires. Elle s’est même constituée partie civile dans une affaire de manipulation de marché de type « pump and dump »[1].
L’activité de régulation demeure soutenue avec 272 visas sur opérations financières délivrés, 37 offres publiques supervisées et 13 204 organismes de placements collectifs suivis pour un encours total de 2 158 milliards d’euros.
L’AMF affiche par ailleurs des performances satisfaisantes avec 91 % de ses objectifs stratégiques atteints et un taux de satisfaction de 4,07/5 de la part des entités régulées.
Au niveau européen : faire aboutir l’Union de l’épargne et de l’investissement
La relance de l’Union de l’épargne et de l’investissement constituait un chantier prioritaire pour 2024. Aux besoins considérables de financement liés aux transitions numérique et climatique s’ajoutent désormais les besoins de la défense européenne. Mettre fin à la fragmentation des marchés financiers européens apparaît comme une nécessité.
L’AMF identifie trois priorités : la mobilisation de l’épargne européenne, la mise en place d’une véritable supervision européenne des marchés de capitaux et la relance de la titrisation. L’autorité milite notamment pour une révision du règlement SFDR, proposant un système de classification des produits fondé sur des critères objectifs et la Taxonomie européenne.
En matière de finance durable, l’AMF accompagne les entreprises dans leur reporting de durabilité, conformément à la directive CSRD. Elle a publié des guides pratiques et mené des études sur les fonds thématiques durables pour prévenir l’écoblanchiment. L’autorité participe activement à 54 groupes de travail dans les instances de régulation européennes, témoignant de son implication dans l’harmonisation des pratiques.
Au niveau international : renforcer la coopération face aux défis financiers
Les tensions géopolitiques ont marqué les marchés financiers en 2024. Face à cette volatilité, les infrastructures de marché et les acteurs financiers ont démontré une grande résilience technique, mais la vigilance reste de mise. La coopération internationale entre régulateurs constitue une priorité pour l’AMF.
L’autorité s’engage fortement dans les travaux internationaux en matière de stabilité financière, participant à « 28 groupes et task forces à l’échelon international, principalement au sein de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) et du Conseil de stabilité financière (CSF) »[2]. Dans ce cadre, l’AMF a engagé un dialogue avec les grandes plateformes numériques pour les responsabiliser à la lutte contre les escroqueries et les sites frauduleux.
Parallèlement, les évolutions structurelles et rapides de la finance, notamment l’effet de levier, la finance privée, les produits structurés et les cryptoactifs, nécessitent une coordination renforcée.
Les trois points clés à retenir
- Face à un phénomène touchant 15 % des Français, l’AMF a renforcé ses actions de protection en bloquant 181 sites frauduleux et en traitant 13 374 demandes.
- L’AMF priorise trois axes pour faire aboutir l’Union de l’épargne européenne : la mobilisation de l’épargne européenne, la supervision européenne unifiée des marchés de capitaux et la relance de la titrisation.
- L’AMF participe à des groupes de travail internationaux pour faire face aux défis de stabilité financière et aux évolutions structurelles rapides de la finance.
[1] Pump and dump : dite aussi technique de la bouilloire, le pump and dump est une pratique interdite qui consiste à approcher des investisseurs en leur faisant « miroiter un potentiel de hausse d’une action pour leur faire réaliser des achats rapides ». Les achats réalisés par les investisseurs (ou par l’initiateur lui-même) font monter artificiellement le cours jusqu’à ce que l’initiateur revende ses titres et que le cours chute brutalement.
[2] Rapport annuel de l’AMF 2024 (page 37) – Lien de téléchargement : https://www.amf-france.org/fr/actualites-publications/publications/rapports-annuels-et-documents-institutionnels/rapport-annuel-de-lamf-2024.